… le feu, écrivait Julio Cortazar.
J’écoute Anne Dufourmantelle parler du risque, de ses bienfaits sur qui le convoque et de ses méfaits sur qui le révoque. Cette photo de feu naissant concorde, il me semble, avec l’incertitude d’un monde nouveau, en prise avec le doute, la déroute et la terreur ; un monde duquel on ne peut pas balayer le risque du revers de la main, le quantifier ou l’éradiquer. Pourtant, la peur infuse et certains voudraient bien. Cette photo est de Manuela Marques, une photographe née à Lisbonne en 1959 à qui le Château d’Eau (pôle photographique de la ville de Toulouse) vient de consacrer une très belle expo intitulée « Isotopies ». Manuela Marques pose un regard poétique sur les choses simples, les choses qui nous entourent. Et ainsi apparaissent-t-elles, telles qu’elle les photographie, leur donne un grand chapitre et les expose en grands formats. Il y a une extrême attention portée aux détails dans les photographies de Manuela Marques, des détails qui deviennent eux-mêmes les sujets centraux de ses images. Il y a le reflet, le temps, la fugacité et l’ombre. Les lumières, les scintillements des villes – faut-il pour autant s’y perdre ? Plutôt les regarder. Les entrevoir. Les fixer sur la rétine d’après photo. L’expo est terminée. Mais l’endroit est si agréable, un petit coin où tout n’est pas donné d’avance, mais où l’on peut chercher, se planquer. Et regarder l’eau de la Garonne.
Feux, Manuela Marques©, Galerie Anne Barrault, tous droits réservés.