À ne pas me souvenir où cette balise se situe, je vous laisse vous faire guider par ce bout de bois peinturluré au milieu des champs. Un début de promenade, pourquoi pas ?
balade
Petits éclats de Gincla
Pétales regonflés par le soleil. Poches pleines de jaune, striées de délicates griffures orangées sur le chapeau. Rares fleurs de cette couleur tout en haut. Buissons d’or sur le chemin qui serpente la forêt ombragée. Buissons d’or qui réchauffent l’iris.
Amélanchiers, broussailles, garrigue, sarriette et thym odorant sur les flancs de la montée rocailleuse. Mélange des genres dans la montagne luxuriante.
Petits boutons d’or et d’argent enfin se dessinent sur les tiges boisées désespérées de se renouveler. Mai, enfin.
De cette gentiane colorée, noble bleue, sur le sol aride et hostile. De cette étoile cyanurée on ne tire pas d’alcool. Juste un plaisir visuel. Étoile horticole des hauteurs.
Parterre accueillant de pompons mauves, pas une glycine, mais rampante sur les rectangles ardoise et dur.
Et des blocs obscurs
Un soir noir, un soir noir après la journée ensoleillée, un soir noir après la journée ensoleillée à demi passée au cinéma pour regarder La Maison au Toit Rouge, un film japonais très lent, très beau, profond.
Ciel bleu fuyant et orange aussi, un prélude à la nuit. Tilleul, sapin, chêne, vignes. Les formes ciselées opaques se découpent sur le rideau lacté d’avant les rêves. Songe en noir et blanc, songe en polychrome, insomnie une parenthèse dans le sommeil, un trait d’union avec la vie.
Jeunes pousses en quelques jours épanouies, branchage bien rempli, feuillage ébaubi. Le tilleul domine le petit jardin dont il devient le parasol l’été.
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Un printemps comtois
Comtois, rends-toi ! Nenni, ma foi !
j’aime bien cette phrase des comtois prononcée contre les assaillants français, du temps où la Comté n’était pas encore tout à fait franche… Elle est devenue proverbiale. Je me suis rendue dans ma contrée natale aux dernières vacances de printemps, où les splendides journées ensoleillées m’ont fait complètement oublier que je suis toulousaine d’adoption. Et ce ne sont pas les rideaux de pluie qui transforment la ville rose en grisaille ces jours-ci qui me feraient mentir ! De la vallée de l’Ognon aux vignobles de Montaigu, quinze jours de beau temps absolu. Quelques extraits pêle-mêle de cette trop courte escapade entre famille et amis.
Terres calcaires aux mille verts, du vin coule dans nos verres, nos têtes sont à l’envers. Vin de toutes les couleurs : paille, jaune, réhaussé de bulles – ici, comme le rouge est rosé. Un ballon par-ci, un ballon par-là, et Rouget de Lisle avec sa pinte de bière a engendré une Marseillaise enivrante.
Fleurs de cerisier, le long de la Saône les arbres fruitiers sont plantés et les fleurs éclatent, délicates. Les fruits juteux et écarlates seront nombreux à tenter les oiseaux même au bord de l’eau.
Je veux faire avec toi ce que le printemps fait avec les cerisiers.
Pablo Neruda
Taches argentées sur le filet gris, bleuté, taches prises par surprise, taches ensoleillées.
Ponton graphique et eau dormante, mélange des genres au bord de la Saône jolie. (Scey-sur-Saône)
La tulipe lippue pose dans le jardin. La tulipe dore une dernière fois ses pétales couleur de sang dans les rais d’or et renvoie sa soie coquelicot – le coq luit là-haut.
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Montagne Noire
Rang urticant, à première vue charmant,
Procession en déroute, sur le chemin caillouteux,
Progresse lentement, éloigne les curieux.
Tronc dansant, penché, élégant, souple, buissons odorants : thym, sauge, lavande – pommes de pin de ci, de là, épines partout. Surface aride, ventée, contreforts de la Montagne Noire.
Plic, ploc, plac, la flaque.
Eau croupie, peu profonde, eau de pluie.
Petites mains, cailloux jetés, petits pieds mouillés.
Grisaille – dans le soleil, argentée. Chemin de caillasses et bosquets.