Le Colosse de Maroussi

Je cherchais ce bouquin depuis un bon moment déjà sans avoir envie de le commander en librairie, je ne sais plus trop pour quelle raison, peut-être même est-il épuisé. Bref, j’ai pu l’acquérir au concept-store Merci très peu de temps après le lancement du désormais incontournable espace parisien du 111 Boulevard Beaumarchais (3e arr.). D’ordinaire mes livres proviennent des librairies, mais j’arpente avec un bonheur égal les stands des bouquinistes et vide-grenier, pour fuir avec une joie sans pareille les sites de e-commerce bien connus, tellement colossaux que cela en devient grotesque. À ce propos, qu’est-ce qui vous motive si vous achetez beaucoup de livres sur ces sites ? Personnellement, je trouve toujours tout à la librairie de la ville où je suis, si petite soit-elle, au prix d’une commande parfois. Certains ouvrages introuvables peuvent justifier cette démarche, sinon, il faut vraiment que l’on m’explique. Je suis curieuse de savoir ce qui catalyse des achats en ligne ; à l’occasion pourquoi pas, mais de façon régulière, je ne vois pas trop, sauf à se réfugier dans sa tannière ;-).
Mon exemplaire du Colosse de Maroussi remplit pas mal de conditions : il est d’occasion, pas abîmé du tout sinon inévitablement jauni, dans une bonne version et dégoté au petit bonheur. La couverture contient une précieuse note de désuétude et d’air méditerranéen. Car il s’agit d’une maquette au graphisme daté dont le charme opère encore pourtant très bien avec une colonne dorique en surimpression sur un paysage typiquement grec (chapiteau, architrave et frise, ah, que de souvenirs avec Melle Schiltz…) pour une édition parfaitement 1970.
Miller incarne une figure tutélaire dans mon olympe des écrivains américains, et le fait qu’il appartienne à la « lost generation » y est pour beaucoup. L’écrivaine Gertrude Stein a ainsi désigné des écrivains américains de l’entre-deux-guerres, expatriés comme elle à Paris. Elle s’inclue dans ce groupe littéraire mû par une quête de valeurs symboliques propres à nourrir les arts et la vie. En constatant la perte de transcendance que l’Amérique connaît au début du XXe siècle, nombre d’américains gagnèrent l’Europe et Paris : Ernest Hemingway, John Dos Passos, Henry Miller, Sylvia Beach, T.S. Eliot, Ezra Pound, Walter Peirce, John Steinbeck, Sherwood Anderson et Gertrude Stein elle-même. Francis Scott Fitzgerald en est la figure de proue. Suite à ce billet, je m’ouvrirai dans un autre du délectable Paris est une fête d’Hemingway, un récit plutôt méconnu du prix Nobel de Littérature 1954.

Le Colosse de Maroussi

Le Colosse de Maroussi


Le Colosse de Maroussi a été publié en 1941 à la faveur d’un voyage en Grèce effectué quelques années auparavant, par un Miller déjà bien établi comme écrivain, si ce n’est dans son pays d’origine, du moins en Europe. Le Vieux Continent et particulièrement la France accueillent favorablement l’expatrié et écrivain Henry Miller. C’est d’ailleurs dans sa fameuse trilogie Sexus, Plexus, Nexus qu’il retrace le bouillonnement artistique et culturel européen. Tout ce que l’ancien gamin de Brooklyn cherche à Paris et en France, il le trouve, même au-delà de ses espérances. Dans le même temps, la plupart de ses écrits demeurent sinon censurés du moins frappés d’ostracisme aux États-Unis jusqu’en 1961.
Son ami le poète et romancier Lawrence Durrell l’invita à découvrir le « berceau de la civilisation » en Grèce. Henry Miller en revient la tête pleine de soleil et de ruines et ses souvenirs publiés dans le Colosse de Maroussi rendent un hommage riche, nuancé, détaillé et enthousiaste au berceau de l’Antiquité. Voilà un récit dont on peut se délecter à tout moment : envie de dépaysement, besoin d’un guide atypique avant le départ pour le Péloponnèse ou l’Attique, ou simplement récit de voyage. Bonne lecture ! Et merci d’être passé par là.
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Henry Miller, Le Colosse de Maroussi, 1941, Paris, Le Livre de Poche, 1970 pour cette édition, réédité depuis.

Mots et toile

Une réflexion sur “Le Colosse de Maroussi

  1. je n’achète jamais de livres en ligne mais je crois que la principale motivation de ceux qui le font est simplement la flemme, le manque d’imagination de ce que seront nos villes lorsqu’il n’y aura plus de boutique mais des hangars immenses, de ce que sera notre culture quand elle sera exclusivement aux mains des Amazon et consorts. Il faudrait écrire de la science fiction pour nous flanquer la trouille et nous faire réfléchir: c’est cette vie qu’on veut, cette société? ces relations humaines? moi, je dis Beurk!!!
    Le colosse de Maroussi est le premier ouvrage de Miller que j’ai lu et il m’a ouvert un monde, une liberté de ton et de vie. Quelle belle découverte!
    Tu as oublié Anaïs Nin que personnellement je n’aime pas beaucoup mais bon, elle a joué un rôle important, je crois.
    J’adore ton blog, j’oublie toujours de te le dire!

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