Kiki, Reine de Montparnasse

« L’école de la vie est bien la meilleure école et c’est la seule que je désire suivre longtemps ». Kiki, Souvenirs retrouvés, p. 104.

Étude préliminaire pour noire et blanche. Kiki de Montparnasse, photographiée par Man Ray, image publiée pour la première fois dans « Vogue » (1926)

Alice Célestine Prin, alias Kiki de Montparnasse, fut la muse de tant de créateurs qu’il est impossible ici de les nommer tous. Et toutes. Posant inlassablement pour les peintres, photographes, sculpteurs, dansant dans les cabarets, elle fut élue Reine de Montparnasse ! Cette reproduction d’une photographie d’elle prise par Man Ray dans les années 20 à Paris est complètement intemporelle. Les lumières, les zones éclairées et plus sombres donnent une image élégante et drôle de l’éternelle insoumise qu’était Kiki. Elle eut une vie intense, dure, aussi pétulante et frivole que grave et extrême. En proie à un tas d’addictions (opium en tête, alcool, cocaïne…) Kiki balade son désir de bar en atelier. Elle devient le modèle chéri de Moïse Kisling, Alexander Calder, Maurice Utrillo, Fernand Léger, Léonard Foujita et Man Ray – entre autres. Deux très belles publications éclairent intelligemment la vie de Kiki de Montparnasse.
D’abord, le roman graphique produit à quatre mains par José-Louis Bocquet et Catel intitulé tout bonnement Kiki de Montparnasse. Dans cette biographie dessinée, ils rendent hommage à l’égérie du Paris des années folles avec douceur et profondeur. Catel Muller occupe dans le genre du roman graphique une place singulière, celle de la biographe des femmes fortes. Seule ou avec son comparse José-Louis Bocquet, sont déjà sortis de sa plume : Olympe de Gouges, Benoîte Groult ou, bientôt, Joséphine Baker.
Puis, Souvenirs retrouvés, que j’ai acheté à L’écume des pages, juste après avoir lu la très belle et instructive BD de Catel et Bocquet. Les Souvenirs retrouvés sont un condensé de la vie de Kiki, dont elle a rédigé la version définitive en 1938. J’ai lu ses Souvenirs  comme une merveilleuse odyssée. Tantôt on vogue, on tangue, on coule, on surnage puis on refait surface, porté par la même houle qui fait chavirer l’auteure. Elle possédait une facilité d’écrire, un style leste et dansant qui vous prend comme une valse. Les Souvenirs retrouvés sont la pépite qui a brillé au milieu d’archives et de cartons, distingués seulement par une banale étiquette portant l’inscription « infiniment précieux ». Les éditions José Corti ont eu le bonheur de publier ces mémoires en 2009. Je vous en recommande chaleureusement la lecture.

Kiki de Montparnasse, Catel Muller, éditions Casterman, coll. Écritures, 2007.
Souvenirs retrouvés, Kiki de Montparnasse, José Corti, 2009.

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