Cycle Joyce Carol Oates

Joyce Carol Oates, cliché de Marion Ettlinger. D.R.

Au Cabinet d’écritures, on aime bien Joyce Carol Oates. Elle revient cycliquement dans les ateliers, où plusieurs séances lui ont été consacrées. La première, c’était en 2017 sous le signe du recueil de nouvelles « Le Rendez-vous », la prochaine sera jeudi 12/02/2020 à Ombres Blanches. Il me faut l’installer durablement dans le sillage des autrices dont j’apprécie le travail, alors je suis ravie de lui consacrer plusieurs week-end d’écriture, de façon régulière depuis en 2021. Ce quelque chose de résolument obsédant dans son rapport à l’écriture rencontre son idée fixe pour des thèmes difficiles (deuil, viol, disparition) et c’est mené avec un voile de pudeur, à mon sens, qui en dit tellement sur notre condition humaine, que la lire est un acte qui fait qu’on comprend mieux l’autre.

Le journal et la fiction, deux clés d’entrée à son œuvre

Le Journal (1973-1982) publié par Philippe Rey présente une petite partie des écrits de Joyce Carol Oates en diariste. Elle a légué à la bibliothèque publique de Syracuse quelque 3000 pages de son Journal, qui, on l’imagine quand on a lu ses œuvres de fiction, n’en représentent qu’un fragment. Son infatigable élan d’autrice, boulimique de tout ce qui constitue les œuvres de l’esprit, les arts, la littérature, les sciences (neuropsychiatrie, neurosciences, psychologie, psychanalyse), la musique, l’amène à écrire en graphomane, en fourmi ouvrière de la plume. Elle écrit aussi de la poésie.

Car Joyce Carol Oates écrit comme elle respire.

Des stages d’écriture autour de son œuvre

Son Journal en atteste, et, bien plus, révèle la femme intellectuelle, pétrie d’humour, prodigue de traits d’esprit, qu’elle a plaisir à faire transparaître dans ce texte extraordinairement éclairant. Il répand sur ses écrits fictionnels une lumière qui irradie à chaque phrase. Elle explique les innombrables relectures et réécritures de ses manuscrits, qui sont des activités en soi et dont jamais elle ne semble se lasser ni prendre fatigue. Au contraire : elle épuise le sujet et l’objet, au sens passionné du terme. La flamme dynamique de l’autrice se nourrit des questions que soulèvent les réponses qu’elle croit formuler au gré des écrits qu’elle produit. Toute nouvelle création génère une question, fait naître un doute, qui sera pris au sérieux, ignoré ou boudé.

Au cours de stages, organisés sur des week-end, il sera question d’écrire, en écho à son œuvre, et de mettre en résonance son Journal avec ses œuvres de fiction par les chemins d’écriture suivants : comment le Journal nourrit-il la fiction, et ses nouvelles, particulièrement ? Quels thèmes intimes, chers à l’autrice, balaient ses romans ? Quelles sont ses techniques d’écriture, si elle veut bien les laisser filtrer ?

Que lire pour écrire ?

Le Journal de Joyce Carol Oates a une place particulière pour moi, je l’ai acheté pour saisir qui était LE phénomène Joyce Carol Oates qui publie à foison. Je ne connaissais d’elle que cette partie immergée de l’iceberg. Cela ne signifiait pas grand-chose pour la lectrice que je suis, et j’étais perdue sur les textes qu’il me fallait lire qui me donneraient envie de la découvrir plus avant. Au moment où je faisais l’acquisition de ce Journal, je n’avais lu que le mince et exquis Délicieuses pourritures. Avant de me plonger plus avant, il me fallait attraper son intériorité, saisir les méandres de sa psyché, envisager les thèmes qui la mobilisent. Mes suggestions de lecture :

  • Journal 1973-1982, éditions Philippe Rey, 2013.
  • La foi d’un écrivain, éditions Philippe Rey, collection Fugues, 2017.
  • Délicieuses pourritures, J’ai lu, 2009.
  • Le maître des poupées et autres histoires terrifiantes, éditions Philippe Rey, 2019.
  • Le Rendez-vous et autres nouvelles, Stock, 1993.
  • Les week-ends d’écriture (samedi et dimanche de 10h à 17h, 100 euros/personne) :
    • 23 et 24 octobre 2021 – « Il se peut que l’écrivain/artiste soit stimulé par les mystères de l’enfance ou que ce soient ces mystères qui stimulent l’écrivain/artiste. (…) si je parviens à résoudre le mystère de la fiction, j’aurai résolu un mystère de ma vie. Que le mystère ne soit jamais résolu semble être la raison qui pousse l’écrivain à poursuivre son effort : chaque histoire, chaque poème, chaque roman est une reformulation de cette quête infatigable pour pénétrer le mystère. L’écrivain est un déchiffreur d’indices… » (p. 86). Lors de ce stage, nous irons voir comment l’écrivain fonctionne en déchiffreur d’indices.
    • 27 et 28 novembre 2021 – Le maître des poupées, recueil de nouvelles terrifiantes, est la ligne de cet atelier où nous explorerons les façons de dire le bizarre, d’écrire ce qui intrigue, effraie, dérange…

Ces week-end de stages sont ouverts à la réservation sur mon site colonne de droite : Les ateliers par dates.

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