Nos ateliers en 2022

Week-end Écrire une nouvelle, samedi 26 et dimanche 27 mars.

Pour une saison 2022 riche en ateliers, parce qu’ils sont stimulants, captivants, en progression, grâce à vos présences régulières, multiples et singulières. Les cycles proposés à Toulouse connaissent un nouveau souffle depuis la sortie progressive et toute relative des périodes de confinement, et une brise de fraîcheur se fait ressentir.

Cette dynamique renforce mes projets, et cela m’a donné des ailes pour programmer les dates que vous connaissez déjà et en ajouter quelques autres :

  • Écrire Éros de 10h à 17h (50€). Les 4 samedis étant complets, les mêmes ateliers sont proposés 4 mercredis.
  • samedi 8 janvier mercredi 26 janvier : La Carte du Tendre. Une réinterprétation de la fameuse carte des sentiments…
  • samedi 26 février mercredi 30 mars : Attache-moi ! Des dialogues du film de Pedro Almodovar à une histoire coquine.
  • samedi 9 avril mercredi 27 avril : La poésie amoureuse, comment dire les sentiments, les émois…
  • samedi 18 juin mercredi 22 juin : Cet obscur objet du désir…
  • Ombres Blanches de 10h à 16h (50€) :
  • jeudi 10 février : Le roman-photo
  • jeudi 17 mars : Comment se fait un roman ?
  • jeudi 14 avril : L’œil de la nuit
  • jeudi 12 mai : Jim Harrison
  • jeudi 9 juin : La Provence dans les pas de Giono
  • Centre Culturel Saint-Cyprien de 14h à 17h (5€) :
  • derniers jeudis de janvier à juin, Parcours d’écriture / Réservation auprès du C.C. Saint-Cyprien
  • samedi 19 mars, journée d’écriture (10h-17h) dans l’exposition « Paysage Intime » de Sandrine Ginisty. Réservations auprès du C.C. Saint-Cyprien
  • Fondation Espace Écureuil pour l’art contemporain de 18h à 20h (5€) :
  • jeudi 27 janvier / dans l’exposition de Jacques Tison. Réservation auprès de la Fondation Écureuil.
  • Japon de 18h30 à 21h / 1 mardi sur 2 (20€) les semaines impaires.
  • Un cycle débuté en septembre 2021 et auquel vous pouvez participer si vous aimez les amas, Mishima, Ogawa, les yôkaï… et autres créatures typiquement nippones. Les 1er février, 15 février, 1er mars, 15 mars, 29 mars, 12 avril, 26 avril, 10 mai, 24 mai, 7 juin, 21 juin.
  • Écrire une nouvelle de 10h à 17h (100€)
  • samedi 26 et dimanche 27 mars. En suivant Truman Capote et sa nouvelle « La maison des fleurs », je vous apporterai des déclencheurs à l’écriture et des techniques pour bâtir une nouvelle, la vôtre. Inscription ici.
  • Le bizarre avec Miss Joyce Carol Oates.
  • mercredi 20 et jeudi 21 avril de 10h à 17h (100€). Étrange, pas commun, dérangeant… Ces pistes, arpentées par J. C. Oates, seront nos balises.
  • Polar : l’esprit des lieux 10h à 17h (100€).
  • mardi 17 et mercredi 18 mai. D’une photo de lieu à l’intrigue pour un récit qui fait la part belle aux indices… 10h à 17h (100€).
  • Le désir au Japon dans le recueil de nouvelles d’Ando Sakaguchi (été 2022).

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À vrai dire, toute perception est déjà mémoire. Nous ne percevons pratiquement que le passé, le présent pur étant l’insaisissable progrès du passé rongeant l’avenir.

Haruki Murakami, Kafka sur le rivage.

Écrire en poésie

Mots et toile

Un monde flamboyant

La lettre F est pour fiction
Un monde flamboyant, volumineux et brillant opus qui cristallise son intérêt autour du monde de l’art contemporain, et à partir duquel les thématiques du genre, de la création littéraire, artistique, de leurs identités sexuées, sont développées, prend corps autour du personnage d’Harriet Burden. Cette femme, dont l’on suit les contours de son être-artiste, est créée de toutes pièces par l’auteure, Siri Hustvedt, qui ne s’interdit là aucun parti pris formel ni déploiement intellectuel.

Dans ses précédentes publications – romans, recueil de nouvelles ou d’articles – Siri Hustvedt a donné de multiples occasions à son lectorat de mesurer l’ampleur, la finesse et l’insatiable curiosité de son talent d’écrivaine.

Mais, dans Un monde flamboyant, si le propos se conforme à ses obsessions de femme de lettres, mue par les sciences, la neuropsychiatrie, le fonctionnement financier du marché de l’art, les rouages mondains qui le sous-tendent, l’intrigue emporte tout autre part. Les divergences et leurs nécessaires accords fondent le pilier de ce monde étincelant, tout en autorisant à l’auteure leur dénonciation amusée, qui pique au vif un univers satisfait qui s’enorgueillit de ne jamais sortir de son quant-à-soi. Il y a un soupçon d’Edith Wharton dans cette description amusée et renseignée du who’s who new-yorkais, où quelques figures influentes font la pluie et le beau temps.

Mots et toile

À son image

à son image


Le très beau roman de Jérôme Ferrari, avec pour couverture l’image d’une jeune femme vaporeuse, presque pré-raphaélite…

À son image : un titre de roman en forme d’expression esthétique. Qu’on ne s’y trompe pas, l’écrivain Jérôme Ferrari embrasse dans ce texte le monde ultra-exposé des années ’80 depuis un point central : la Corse. La Corse, île de son enfance, où il vit toujours, terre de vendetta et de beautés naturelles, la Corse que Ferrari fait sienne pour donner son point de vue analytique et synthétique sur le monde. En utilisant l’état de la scène internationale il y a trente ans, Ferrari dresse le tableau d’une société occidentale en proie aux conflits dans laquelle évolue une jeune photographe qui aspire à des clichés autrement plus tremblants que ceux des couples sur les marches des églises. Antonia entre en photographie comme on entre dans les ordres, appareil en bandoulière. Son avidité à se consumer derrière l’objectif prend forme lorsqu’elle couvre les conflits internationaux, Serbie, Yougoslavie… L’écriture de Ferrari ressemble à une geste, cet ensemble de poèmes en vogue au Moyen Âge et qui glorifie la vie de saint-e-s et de hauts personnages. Il transpose le rythme et la règle des Écritures bibliques et saintes à la construction de son roman habité, polyglotte presque, au sens des polyphonies corses qui font entendre plusieurs voix et une seule tout à la fois.
Éditions Actes Sud Littérature, 224 pages, ISBN 978-2-330-10944-8, août 2018.

Mots et toile

Isadora

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Julie Birmant, autrice, et Clément Oubrerie, illustrateur, ont déjà régalé mes curiosités de lectrice avec Pablo, saga de l’époque Bateau-Lavoir. Cette fois, c’est Isadora Duncan, figure libre et candide de danseuse passée des plages de Californie aux capitales européennes, est le sujet de cette bande dessinée. Danseuse hors norme, à la recherche de la vérité dans le mouvement, Isadora s’identifie aux modèles grecs antiques comme Athéna et s’émerveille de ses contemporaines à l’instar de la Loïe Fuller qui lui fera faire le tour d’Europe des plus grandes scènes, avant qu’Isadora en occupe le devant. J’avais beaucoup aimé son autobiographie, Ma vie, et je me délecte des planches enlevées, nerveuses mais tendres d’Oubrerie.
Écoutez sur France Culture Isadora ou l’art de danser sa vie.
Isadora, Clément Oubrerie et Julie Birmant, Dargaud, 2016, EAN 9782205074833.

Mots et toile

Deux fois le plaisir de lire !

Par quel chemin les livres viennent-ils à nous ? Coïncidence, ricochets de mots ou flânerie prolongée devant les rayons ? Ma récolte de début de semaine a mis dans ma besace deux livres aux titres poétiques et incarnés.
Le premier, Le Saut oblique de la truite de Jérôme Magnier-Moreno était dans ma liste depuis novembre, que je suivais l’avancée de ses pérégrinations pré-éditoriales. Le Saut oblique de la truite est le premier récit intime et universel d’un jeune homme en quête de beautés de toutes sortes, qu’il provoque et cueille à la faveur d’une parenthèse de trois jours en Corse. L’île et ses habitant(e)s lui en offrent plus que ce qu’il ne demande. Jérôme Magnier-Moreno est un œil, presque au sens de Georges Bataille, qui absorbe des points saillants et les recrache en jouissances et jubilations, magnifiées par des mots nus, essentiels et lumineux. Ils dessinent un cadre insulaire, cadré sur un paysage irrigué de rivières d’émeraude éblouissantes. L’appétence du peintre pour les reliefs et les lits des cours d’eaux transparaît à chaque phrase de cette prose plastique, follement visuelle.
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Les phrases charnues démêlent le fil de pêche et de soi dans un mélange d’impressions, de sensations, de photographies mentales qui alternent avec un égrenage de mots, posés comme le peintre pose ses couleurs. Une lecture à vivre, absolument.
Le second livre m’avait fait de l’œil alors que ma provision de bouquins était pantagruélique, et je n’avais pas osé l’indigestion en ajoutant un mille-feuille à mes étagères. Brautigan vient encore régaler mes besoins de récits courts avec ce recueil de fragments dansants, écrits dans une langue tendre ni compromise ni geignarde. La vengeance de la pelouse (Nouvelles, 1962-1970), édité chez Christian Bourgois, étale en une Marylin Monroe, qui passe avec son fameux calendrier, du statut de midinette à celui de star objet de tous les fantasmes. Les 62 textes croquent une Amérique désabusée, hantée par une galerie de personnages à la lisière de la marginalité, ou franchement déglingués. Chez Brautigan, le mot tombe juste, le texte ne se pare d’aucun artifice inutile, mais l’émotion affleure à chaque page.
 

Mots et toile