
Thermae Romae, Mari Yamazaki, tomes I, II, III
Le manga trans-historique, la BD qui va-et-vient entre l’Antiquité et le Japon d’aujourd’hui ce sont les six volumes de Thermae Romae. Les nombreuses digressions didactiques de Mari Yamazaki sont présentées sous forme de notes de travail, qui affirment que les bains, la Rome Antique et le Japon sont inséparables. C’est un manga bavard, hyper documenté, j’ai envie de dire déjanté alors même qu’il représente une somme de travail colossale : ben voyez que l’un n’empêche pas du tout l’autre !
L’architecte Lucius Quintus Modestus, architecte de bains à Rome est doté d’une capacité magique au sens de « celui qui peut faire », de l’expert polyvalent. Cette clairvoyance doublée d’une soif de connaissances inextinguible pour son art le mène loin, très loin de sa cité romaine… enfin, vraiment, est-ce si loin que ça en a l’air ?

Thermae Romae, Mari Yamazaki, tomes IV, V, VI
Mari Yamazaki campe Lucius dans un cadre historique fidèle au roman de Marguerite Yourcenar, les Mémoires d’Hadrien. Elle s’en est imprégné pour brosser la figure de l’empereur Hadrien. Là où commence le manga, Hadrien est déjà au soir de sa carrière politique, bientôt terrassé par la maladie. Seuls des bains quotidiens reculeraient -de peu- le moment de son dernier souffle. Lucius devient son architecte attitré. Il cherche par tous les moyens à lui proposer des bains thérapeutiques, dans lesquels la qualité de l’eau importe autant que le cadre où elle jaillit. Comme ses contemporains, Hadrien adore prendre les eaux. Alors, dès qu’il se trouve à court d’idées, Lucius se retrouve projeté dans le Japon d’aujourd’hui, pays de bains s’il en est. Il ramène les technologies et les agencements thermaux à Rome. Mille et uns détails sur la vie quotidienne dans l’Antiquité émaillent ce récit graphique et historique, qui donnent beaucoup de relief aux planches. Les moments japonais sont aussi d’une grande poésie, teintés d’une pointe de nostalgie… je ne vous en dis pas davantage : lisez-le !
Pour la petite histoire, le manga est une pratique graphique traditionnelle au Japon. Elle remonte au 14° s., lorsque les dessinateurs représentaient des scènes quotidiennes, des anecdotes guerrières ou des légendes sur des rouleaux longs de plusieurs mètres. Ils agençaient alors ces épisodes en séquences, au trait marqué par une grande économie de moyens. Cette façon de dessiner caractérise le manga qui signifie, dans son sens littéral : dessin dérisoire. Deux idéogrammes chinois, man et ga, qui selon certaines sources ont été accolés par Hokusaï au 19°s., veulent dire ‘dessins foisonnants’, et, par extension ‘dessin dérisoire’.
Obnubilée de la liste à tout crin, j’ai élaborée celle que j’associe à Thermae Romae :
Pensées pour moi-même suivi du Manuel d’Épictète, Marc-Aurèle (nombreuses trad. et éditions).
Mémoires d’Hadrien, Marguerite Yourcenar, Plon 1951 (nombreuses rééditions).
De l’eau tiède sous un pont rouge, Shohei Imamura, 2001 (sortie DVD en 2003).
Là, le cheval ne craint rien (comprend qui peut (ou qui suit)).
Thermae Romae, première parution en épisodes dans le mensuel japonais Comic Beam.
Éditions Casterman, tome 1 ISBN 978-2-203-04909-3, tome 2 ISBN 978-2-203-04910-9, tome 3 ISBN 978-2-203-05082-2, tome 4 ISBN 978-2-203-06040-1, tome 5 ISBN 978-2-203-06206-1, tome 6 ISBN 978-2-203-06207-8.
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