Cycle : My name is George

Ne pas exploiter ses talents ; ne pas vivre pleinement, c’est mourir.

Aurore Dupin, baronne Dudevant dite George Sand.
Illustration de Marina Vandel Francesca Woodman pour les femmes inspirantes My Name is George Le cabinet d'écritures d'Elise Vandel tous droits réservés 2018-2019
Francesca Woodman, ill. Marina Vandel,
Femmes créatrices au travail. D.R.

My name is George, reflète une partie de ma vie de lectrice. Insatiable, qui ricoche d’une phrase à l’autre. Curieuse, qui rebondit d’une idée à l’autre. Passionnée par les vies, les grands moments qui les font et les petits riens qui les subliment. Voilà pourquoi j’ai conçu ce cycle d’ateliers d’écriture dédié à toutes à partir de 16 ans. Je l’ai voulu en non mixité.

Écrire en non-mixité

J’ai voulu que chaque atelier de ce cycle se fasse en non mixité. Pourquoi ? La parole des femmes, souvent délayée, loquace, n’a pas de véritable espace d’expression en tant que débat qui germe sur un terreau créatif. Il y a, bien sûr, de formidables espaces, thérapeutiques entre autres. Or, l’espace offert par My name is George entend décloisonner les frontières entre l’art et la vie, par la pratique de l’écriture. Là où se dépose une parole née d’un b(r)ouillon qui passe par les mots inscrits et les textes lus.

Femmes, marchez d'un bon pas !
Palais de Justice, Toulouse, Femme qui marche.

Retrouver sa part créative

Animatrice d’ateliers, je recueille bien des paroles qui, silencieuses, dans les textes, qui, chantantes, dans les voix, trouveraient à s’accorder dans l’harmonie d’un atelier conçu pour être un lieu de création, d’échange, de partage et de complicité. Alors le cycle, c’est la possibilité régulière de retrouver sa part créative, au travers de l’écriture, à raison de dix mois, deux fois par mois.

Femme lisant, D.R.

Qu’écrit-on ?

Tout d’abord, c’est un éloge de la femme que vous êtes. Il se construit à partir de portraits brossés sur des vies inspirantes, qui donnent la matière à l’écriture. Là, les femmes racontent en écrivant de la fiction. Car, en filigrane et sous couvert de fiction, c’est nous-mêmes que nous racontons. Que nous nous émerveillons. Ainsi, toutes ces femmes qui prennent vie sous votre plume vous font exister davantage. De cette manière, et avec elles, au sein d’un groupe, vos textes naissent et la parole circule. Un atelier d’écriture libératoire et jubilatoire, où se restaure l’individu créatif enfoui en chacune. Les moyens utilisés sont la structure du langage, la construction du texte, qui tisse progressivement une histoire dont tous les fils sont reliés.

5 thèmes, 20 ateliers

Pour finir, My name is George se découpe en 5 thématiques : Aventurières, Inattendues, Dans le viseur, Plasticiennes et Femmes de plume. Cela correspond au chemin sur lequel je veux vous emmener par l’écriture et au cours desquelles vous collectez des outils pour écrire de façon créative et poétique.

Mots et toile

Glaneurs de rêves

Porte, Gérone, vieille ville

Porte, Gérone, vieille ville

Choisit-on vraiment un livre ou le livre nous choisit-il ? Les livres sont des pierres sur lesquelles marcher, reculer, faire un pas de côté, s’asseoir et regarder. Je vais rarement en librairie avec l’idée précise d’un livre, je pose mes yeux sur tout, je balaie les étagères du regard, je m’arrête, puis continue ma quête, ma balade. C’est ainsi que Glaneurs de rêves, un recueil magnifiquement écrit de Patti Smith m’est apparu, alors que je faisais les courses de Noël et pensais au fils d’une amie qui devait lire quelque chose d’autobiographique. Comme le livre est ponctué de photographies, écrit entre poésie, prose et rêverie, je l’ai finalement pris pour elle, et sa lecture est une joie… En voici un petit extrait :
Le destin a voulu que je suive un chemin fort éloigné de celui de mes ancêtres, et pourtant leurs façons étaient aussi les miennes. Et dans mes voyages, lorsque je vois une colline constellée de moutons ou une équipe d’ouvriers agricoles qui se reposent à l’ombre des noisetiers, je suis prise d’un désir nostalgique de redevenir celle que je n’ai pas été.
Patti Smith, Glaneurs de rêves, Gallimard, 2014, pp. 86. ISBN 9782070142286.
Tous les textes et photographies publiés sur chezliseron.com sont ma propriété. Merci de ne pas les reproduire, partiellement ou intégralement, sans me l’avoir demandé. Elise Vandel-Deschaseaux.
Mots et toile

Charlotte Perriand, mémoires solaires

« Rien n’est dissociable, ni le corps de l’esprit, ni l’homme du monde qui l’entoure, ni la terre du ciel », Ch. Perriand, Une vie de création, Odile Jacob, 2005, p. 17.

J’ai toujours aimé le travail de Charlotte Perriand. Ses réalisations en ameublement ou en architecture sont fonctionnelles, sobres et en accord avec l’environnement dans lequel elles prennent place : vie urbaine, stations d’hiver, appartements sous combles… Elle, la petite gamine de la Place du Marché-Saint-Honoré, bercée au milieu des tissus et des aiguilles, se souvient en un flash d’un épisode marquant pour toute sa vie future : vers l’âge de dix ans, un court séjour à l’hôpital lui fait détester l’appartement paré de bibelots de ses parents. Elle trouve ce lieu trop chargé à son goût et « pleure » parce qu’elle se sentait si bien dans les espaces blancs, dépouillés de l’hôpital.

Charlotte Perriand, Une vie de création

Charlotte Perriand, Une vie de création


De ce livre destiné à nous renseigner sur la formation, l’oeuvre et la vie de Charlotte Perriand, on ressort dynamisé, aiguillé vers des sommets de minimalisme, de fonctionnalisme et d’équilibre. J’entame avec grand bonheur la relecture de cet ouvrage qui retrace la vie foisonnante d’une jeune fille animée d’une joie créatrice hors du commun, bien déterminée à faire entendre sa voix dans un univers souvent dominé par les hommes -l’architecture- et pas des moindres, puisqu’elle travailla principalement avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret, mais aussi le peintre Fernand Léger.
Comment la définir ? Définitivement « moderne », en réaction aux dogmes traditionnels, c’est aux côtés de Fernand Léger, Pierre Jeanneret et Le Corbusier qu’elle lutte pour défendre un projet de l’art d’habiter où l’homme est au centre, et pas l’objet. C’est sans doute parce qu’elle a fait de ce précepte la ligne directrice de toutes ses recherches que les meubles qu’elle a dessinés et vu réalisés sont confortables et devenus des classiques du design aujourd’hui.
En parallèle, Charlotte Perriand s’empare des questions d’hygiène et de salubrité liées à l’habitat collectif. Les très mauvaises conditions de vie qui étaient celles de beaucoup de franciliens dans l’entre-deux-guerres mènent Charlotte Perriand à ce constat : comment habiter les villes au XXe siècle ? Pour la fillette d’ascendance savoyarde qui a grandi dans la campagne Bourguignonne jusqu’à ses trois ans, le grand air, le soleil et la présence des potagers sont fondateurs. Elle s’attacha à lier l’homme à ses environnements d’habitat et de travail. Plusieurs voyages au Japon (1940-1941, 1954) lui permettent de confronter ses projets d’ameublement et d’architecture avec les traditions japonaises dans lesquelles les matériaux diffèrent de ceux qu’elle connaît en Europe : la grande place occupée par le bambou et la maîtrise du papier, extrêmement présent dans l’ameublement nippon (papier de riz).
Récemment, Louis Vuitton a financé comme mécène « La petite maison au bord de l’eau » dont les esquisses préparatoires remontent de 1936 (quelques images). Décédée en 1999, Charlotte Perriand n’aurait pas dit non à un bon bain de soleil sur la terrasse centrale.
Charlotte Perriand, Une vie de création, Odile Jacob, Paris, 2005, 425 pages.

Mots et toile