Un tchétchène. Un russe. Quarante-six ans à eux deux. Les bombardements ont fait de leur cave un abri. Pas de maison à habiter. Il reste un corps à occuper, une âme à arpenter. Ils ont fui à talon perdu. Ils parlent tous deux la langue de Tolstoï, prosodie du lointain Oural. Ils marchent vers un lendemain qui conjure un hier défaillant. Ils ont une maturité d’avance et une sensibilité en étendard. Épaules droites, regards pétillants, pensée en mouvement, leurs mains jointes en calice dans lequel s’écrit le poème.

Lande désolée. Source image.